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Investir à tout âge
Construire un patrimoine impose de commencer à investir le plus tôt possible et de s’astreindre à continuer à le faire le plus régulièrement possible tout au long de sa vie. Une telle discipline permet de profiter pleinement des effets de capitalisation tout en se détachant de la volatilité de court terme des marchés.
Pour autant, la stratégie d’allocation d’actifs ainsi que le choix des enveloppes fiscales au sein desquelles loger ces investissements méritent d’être adaptés aux contraintes et opportunités des différentes étapes de la vie.
Jeunes actifs : le logement en point de mire
Dès les premiers pas dans la vie active, nous recommandons de faire le maximum pour épargner tous les mois 10 % des revenus après impôts, voire plus selon les capacités de chacun.
Cet effort aura deux objectifs essentiels. D’une part, constituer une épargne de précaution disponible en cas de coup dûr, équivalente à 3 à 6 mois de dépenses selon les circonstances personnelles. D’autre part, engranger un capital qui formera l’apport personnel nécessaire à l’acquisition d’un logement, soit en règle générale de l’ordre de 10 à 20 % du prix du bien envisagé.
Dans un monde de débasement monétaire organisé, il est bien sûr hors de question de laisser de telles sommes dormir sur un compte à vue. Nous recommandons, à titre principal, l’utilisation de produits à capital garanti tels que le Livret d’Épargne Populaire (sous réserve d’éligibilité), le Livret A ou encore des dépôts à terme. Pour plus de détails, voir notre article : les supports prioritaires pour votre épargne de précaution.
À titre secondaire, les Plans d’Épargne Entreprise (PEE) permettent d’investir les sommes versées par l’employeur au titre de la participation et de l’intéressement en franchise d’impôt sur le revenu. Certaines entreprises proposent également un abondement pour les sommes investies hors participation et intéressement. De tels dispositifs constituent une aubaine qu’il convient de maximiser, et ce d’autant plus que l’acquisition de la résidence principale autorise le déblocage du PEE sans remise en cause de l’avantage fiscal.
À noter néanmoins : l’acquisition d’un logement s’accompagne de coûts de frottement de l’ordre de 12 à 15 % (droits de mutation, émoluments du notaire, frais d’agence, honoraires de courtage, frais de dossier bancaires…). Pour « faire sens » sur le plan financier, une telle opération implique d’avoir devant soi un horizon relativement long sur lequel amortir ces frais. Dans le cas contraire, il peut être préférable de rester locataire. Mais il sera alors crucial de passer sans attendre à l’étape d’investissement suivante…
Dans la fleur de l’âge : construire un portefeuille de capitalisation
Ces premiers objectifs atteints, il est temps de se constituer un portefeuille d’investissement de long terme dont l’objectif sera de battre l’inflation, ce qui implique de se détacher mentalement des fluctuations de marché. Nous proposons un portefeuille modèle répondant à cette démarche.
L’exposition aux marchés actions est au cœur d’un tel portefeuille. La détention des moyens de production reste, en économie capitaliste, l’une des clés de la construction d’un patrimoine. Pour ce faire, nous recommandons d’utiliser prioritairement la combinaison Plan d’Épargne en Actions (PEA) x Exchange-Traded Funds (ETF), celle-ci offrant à la fois une excellente diversification, des frais réduits et le meilleur cadre fiscal possible (seulement 17,2 % de prélèvements sociaux / absence d’impôt sur le revenu après 5 ans).

Le PEE - déjà évoqué plus haut - est une autre enveloppe fiscalement intéressante pour la constitution d’un portefeuille de capitalisation. On regrettera toutefois que les choix de supports soient souvent limités à des fonds peu compétitifs en termes de frais comme de performance. Aussi recommandons-nous, en règle générale, de maximiser l’utilisation du PEE pendant les 5 années nécessaires à la sécurisation de l’avantage fiscal, puis de basculer le capital libéré vers des enveloppes offrant un meilleur choix de supports (PEA, assurance-vie, CTO).
L’âge mûr : préparer la retraite et commencer à transmettre
Au fur et à mesure que les années passent et que l’horizon de la retraite se rapproche, il est sage de substituer progressivement une part de l’exposition actions pour des classes d’actifs moins volatiles telles que les obligations et/ou l’immobilier.
Pour ce qui concerne l’immobilier, trois types de support sont envisageables :
Investissement en direct : diversification difficile (sauf à avoir un portefeuille très conséquent), lourdeur de gestion, fiscalité punitive. À réserver à des personnes qui connaissent très bien l’environnement immobilier et sont prêtes à investir non seulement du capital mais du temps.
Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) : diversification immédiate sur différentes géographies et sous-classes d’actifs (bureaux, hotellerie, santé…). Attention néanmoins, toutes les SCPI ne se valent pas en termes de qualité d’actifs. Par ailleurs, les frais de souscription - souvent élevés - ne peuvent se justifier que sur une longue durée de portage.
Les foncières cotées : il s’agit de sociétés cotées en bourse gérant de très larges portefeuilles d’actifs immobilier. Deux d’entre elles figurent en bonne place dans notre portefeuille de rendement.
Afin d’optimiser l’équation fiscale, certains de ces actifs (fonds obligataires, SCPI) pourront être logés au sein de contrats d’assurance-vie. Au delà de 8 ans, une stratégie de sortie progressive veillant à ne pas dépasser l’abattement annuel sur l’impôt sur le revenu (voir tableau ci-dessous) permet de bénéficier du même régime que le PEA. En outre, l’assurance-vie offre un avantage spécifique sur le plan successoral, les bénéficiaires étant exonéré de droits de succession à concurrence de 152.500 €, dès lors que le contrat a été souscrit avant le 70ème anniversaire du souscripteur.

Pour les plus hauts revenus : stratégies de différés d’imposition
Dans le cadre des principes généraux décrits plus hauts, deux stratégies permettent de différer la fiscalité de ses placements à l’approche de la retraite :
Le Plan d’Épargne Retraite permet d’investir chaque année jusqu’à 10 % de ses revenus tout en reportant l’impôt sur le revenu afférent ces sommes.
Le démembrement de SCPI permet d’acquérir des parts de SCPI à un prix décoté en échange de l’abandon de l’usufruit (le dividende servi par la SCPI) pendant une durée pré-déterminée. À titre d’illustration, il est possible d’acquérir des parts de SCPI décotées d’environ 30 % contre l’abandon des 10 premières années de dividendes. À l’issue du démembrement, l’investisseur retrouve la pleine propriété des parts et commence à percevoir les revenus sans frais supplémentaires.
À bien noter : contrairement à la présentation qui en est parfois faite par des conseillers peu scrupuleux, il ne s’agit en aucun cas d’un cadeau fiscal mais bien d’un différé. Les revenus qui ont échappé à l’impôt à l’entrée y seront soumis à la sortie, tous comme les plus-values générées (sauf transmission par voie successorale).
De telles stratégies sont en règle générale à réserver aux personnes dont le taux marginal d’imposition atteint 41 % ou plus, tout en étant susceptible de retomber à 30 % à l’horizon de la retraite.
À la retraite : le portefeuille de rendement
Ayant suivi notre démarche d’investissement tout au long de sa vie active, un jeune retraité disposera d’un pécule conséquent qui, correctement mis au travail, permettra de générer un complément de retraite relativement stable, progressant avec l’inflation.
Pour ce faire, nous recommandons une allocation équilibrée entre trois classes d’actifs :
obligataire
immobilier
actions à dividendes
Pour une allocation détaillée, régulièrement mise à jour, nous renvoyons à notre portefeuille de rendement.