Les supports prioritaires pour votre épargne de précaution

N’en déplaise à Bruno Le Maire et François Villeroy de Galhau, en dépit des engagements qu’ils ont pu prendre quant à la maîtrise de l’inflation, celle-ci continue de galoper au rythme annuel de 5,7% selon l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (méthodologie retenue par l’Union Européenne). Sur la base des 12 derniers mois, il faudrait encore 4 ans avant que l’inflation ne revienne en France au niveau de 2% que la Banque centrale européenne se fixe pour cible.

Et pourtant, comme nous l’avons montré dans un autre article, les ménages français conservent en moyenne la bagatelle de 25.700 € sur des comptes non-rémunérés, laissant s’envoler 29 milliards d’euros d’intérêts annuels avant impôts, ou presque 1.000 € par ménage !

Bien sûr, il est prudent de conserver une partie de son patrimoine sous une forme liquide, disponible à tout moment pour parer aux charges imprévues et aux coups durs de la vie. Appelons cela une épargne de précaution.

Nous ne chercherons pas, ici, à définir la taille optimale de ce coussin de sécurité. C’est une équation éminemment personnelle qui dépend de votre train de vie, du nombre de bouches que vous avez à nourrir, de la diversification des sources de revenus du foyer mais aussi de vos dispositions psychologiques face à l’incertitude.

Plus modestement, l’objectif de cet article est d’identifier les supports d’investissement qui devraient être utilisés en priorité pour ne pas laisser dormir cette épargne de précaution sur un compte non-rémunéré, tout en respectant deux contraintes essentielles :

• disponibilité très rapide des fonds en cas de besoin

• sécurité du capital

Il va sans dire qu’au delà de cette épargne de précaution, les sommes que vous pouvez vous permettre d’immobiliser sur le moyen/long terme peuvent être mieux investies sur des supports que nous ne traiterons pas dans cet article.

1. Le Livret d’Épargne Populaire (LEP)

Le Livret d’Épargne Populaire, pour ceux qui y sont éligibles, c’est l’équivalent du slam dunk au basket, un coup immanquable ! Avec un taux d’intérêt de 6% sans aucune fiscalité, c’est en réalité le seul produit d’épargne à capital garanti qui assure un rendement supérieur à l’inflation.

Rappelons que ce produit est réservé aux foyers à revenus modestes : 21.393 € maximum pour une part fiscale, 32.818 € pour deux parts (chiffres relatifs à la métropole, des plafonds plus élevés s’appliquant dans les DOM). C’est le revenu fiscal de l’année A-2, soit 2021 pour l’année 2023, qui entre en ligne de compte.

Une excellente nouvelle pour les personnes éligibles, le plafond de versement du Livret d’Épargne Populaire sera porté le 1er octobre de 7.700 € à 10.000 € par contribuable, soit 2 × 10.000 € pour un couple.

2. Le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS)

Avec une rémunération de 3% sans fiscalité et ouvert à tous sans conditions de revenus, le Livret A et son petit frère, le Livret de Développement Durable et Solidaire (l’ancien Codevi), sont des supports à prioriser dans la gestion d’une épargne de précaution.

Certes, ce taux d’intérêt de 3% est sensiblement inférieur à celui de l’inflation mais il sera difficile d’obtenir mieux après fiscalité tout en respectant les objectifs de disponibilité immédiate et de sécurité du capital.

Rappelons que leurs plafonds de versement sont respectivement de 22.950 € et de 12.000 € par contribuable. Pour la majorité des Français, ces plafonds permettent de constituer une épargne de précaution amplement suffisante. Il me suffirait donc de conclure en soulignant l’importance d’adopter une discipline par laquelle, une fois par mois, les sommes disponibles sur le compte à vue et dont vous n’avez pas immédiatement besoin seront basculées sur ces livrets.

Néanmoins, il peut arriver qu’à l’approche d’un projet important (immobilier, travaux, achat d’un véhicule, etc.), le besoin apparaisse d’accumuler des noisettes au-delà des plafonds sus-mentionnés…

3a. Les dépôts à terme

Un dépôt à terme (ou compte à terme) est un dépôt bancaire à échéance fixe (3 mois, 6 mois, 1 an, 2 ans…) contre lequel une rémunération à taux fixe vous sera proposée. Les taux que l’on peut actuellement obtenir, avec un peu de négociation, à échéance 1 an sont de l’ordre de 4%.

Notez que, contrairement à un livret, les versements progressifs et retraits partiels ne sont, en principe, pas autorisés.

La rémunération offerte est soumise au prélèvement forfaitaire unique de 30%, dit flat tax, ou sur option aux prélèvements sociaux de 17,2% complétés de votre taux marginal d’impôt sur le revenu (cette option ne présente d’intérêt que si vous êtes sur l’une des deux premières tranches de l’impôt, à 0% ou 11%). Il est à noter que, si vous deviez avoir besoin de libérer les fonds avant le terme contractuel, tout ou partie de la rémunération serait perdue. Les modalités précises diffèrent selon les contrats et doivent être un sujet d’attention.

Comme tout dépôt bancaire, votre capital est garanti sans limite par la banque. Dans le scénario catastrophe d’un défaut de votre banque, un fonds de garantie des dépôts est prévu afin d’indemniser les épargnants à hauteur maximale de 100 000 € par personne (hors les livrets pré-cités qui, eux, sont garantis directement par l’État). Au-delà de ce montant, il peut être judicieux de répartir votre épargne entre différentes banques ou sur des supports non-bancaires.

3b. Les OPCVM monétaires

Enfin, les OPCVM monétaires. Il s’agit de fonds de gestion collective investissant dans des instruments de dette court terme émis par des entreprises, des institutions para-publiques ou des États.

Le capital n’est pas garanti et le risque de crédit sous-jacent aux investissements réalisés peut occasionnellement donner lieu à des pertes. Dans les faits, compte tenu de la diversification des expositions prises par ces fonds, ces pertes, lorsqu’elles surviennent, sont de très faible ampleur.

Sauf événement de marché majeur, comme cela a pu se produire en 2007-2008, la société de gestion assure la liquidité quotidienne des parts.

Ces derniers mois, ces fonds ont produit des performances annualisées d’environ 3,50%. Ces performances sont capitalisées dans la valeur de la part et la plus-value réalisée à la revente est soumise à la flat tax de 30%.

Ci-dessous notre sélection de fonds ouverts aux non-professionnels sans frais de souscription ou droits d’entrée :

Enfin, si vous disposez de liquidités non-utilisées au sein d’un Plan d’Épargne en Actions, il existe des OPCVM répliquant la performance d’investissements monétaires tout en étant éligibles au PEA :

Cet article représente l’opinion de l’auteur et ne constitue en aucun cas une recommandation personnalisée au sens de l’Autorité des Marchés Financiers.

Sources