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6 conseils aux jeunes épargnants
De l’importance de se préparer au déclin de la retraite par répartition
Posons crûment le constat suivant : la progression de l’espérance de vie et la dynamique démographique (fin du baby boom), combinées à l’absence de réforme structurelle et à la déliquescence générale des finances publiques, garantissent l’insolvabilité à moyen terme du système de retraite par répartition tel que nous le connaissons.
À l’horizon de retraite de la génération entrant aujourd’hui sur le marché du travail, il est prévisible que nous évoluerons vers un modèle dans lequel le système de répartition ne couvrira plus qu’une pension de base très éloignée des niveaux actuels, plus proche d’un minimum vieillesse.
Aussi est-il crucial pour les générations concernées de se construire un capital retraite par leurs propres moyens. Je partage ici les 6 conseils que j’adresse à mes propres enfants.
1. Jurer par les marchés actions
Il n’existe, dans nos économies capitalistes, que deux véritables sources d’enrichissement durable. D’une part, la mise au travail de ses compétences - qui implique d’investir sans relâche dans sa formation - et d’autre part la détention des moyens de production. Sauf à fonder sa propre entreprise, la participation aux moyens de production passe par l’investissement sur les marchés actions.
Sur le long terme, cette classe d’actifs est la seule à assurer des performances supérieures à l’inflation. À titre d’illustration, une somme de 1.000 € investie il y a 40 ans sur l’indice MSCI World en vaut aujourd’hui 29.600 € (dividendes réinvestis, hors frais, sans couverture de change et avant impôts), soit une performance annuelle moyenne de 8,9 %.
Comme l’on n’a rien sans rien, un tel niveau de performance s’accompagne inévitablement d’une certaine volatilité. Mais pour celui qui a plus de 10 ans devant lui, cette volatilité de court terme est absolument indolore.
Bien entendu, la diversification sur d’autres classes d’actifs (immobilier, obligations, actifs alternatifs) reste souhaitable mais nous soutenons que les marchés actions doivent constituer le socle du portefeuille du jeune investisseur.
2. Investir le plus tôt et le plus régulièrement possible
Lorsqu’il est possible de battre l’inflation de 3 ou 4 points, l’extension de la phase d’investissement devient une source considérable de création de valeur.
Très tôt après l’entrée dans la vie active, dès qu’une épargne de précaution et l’apport personnel nécessaire à l’acquisition d’un logement sont constitués, la construction d’un portefeuille d’investissement doit devenir l’objectif financier prioritaire. Nous recommandons d’y consacrer dans la mesure du possible 10 % des revenus nets, quitte à faire des sacrifices sur d’autres postes du budget (sorties, loisirs, etc).
La régularité de l’investissement a de nombreuses vertus. Outre le fait que la force de l’habitude facilite l’effort, investir par petites touches permet de se détacher des questions de market timing et du risque d’investir une part importante de son portefeuille sur le point haut d’un cycle. Les meilleurs experts étant eux-mêmes incapables d’anticiper de façon fiable les cycles du marché, l’approche prudente consiste donc à investir le plus régulièrement possible.
3. Profiter de la puissance des intérêts composés
Sur un horizon aussi long que celui de la préparation de la retraite, l’effet mathématique des intérêts composés pèse lourd dans la valeur finale d’un portefeuille. Dans le cadre d’un investissement en actions, afin que cet effet puisse jouer à plein, il est crucial de réinvestir les dividendes dégagés par le portefeuille au fil de l’eau.
Portefeuille d’actions détenues en direct : opter pour le paiement des dividendes en actions ou réinvestir manuellement les dividendes servis
Fonds actions classiques (gestion active) : tout va bien, le réinvestissement des dividendes est assuré par le fonds.
Exchange Traded Funds (ETF/gestion indicielle) : veiller à sélectionner un ETF capitalisant (que l’on reconnaît dans son intitulé par la mention “C” ou “Acc”) plutôt qu’un ETF distributif (“D” ou “Dist”).
4. Résister à la tentation du stock-picking
Pour qui aime les chiffres, la vie des entreprises ou simplement le jeu, détenir des actions en direct peut vite devenir ennivrant. On peut facilement “tomber amoureux” de ses investissements au point d’en perdre toute objectivité. Et n’est pas Warren Buffet qui veut… Sauf à disposer de compétences très spécifiques, la probabilité pour un particulier de faire mieux que les investisseurs professionnels ou les indices relève de la loterie.
L’avantage de diversification et de discipline apporté par un fonds action - qu’il s’agisse de gestion active ou passive (ETF) - justifie facilement les frais de gestion qui l’accompagnent, dès lors que le fonds est sélectionné avec attention.
5. Sortir des frontières européennes
Le poids de l’Europe dans l’économie mondiale est en recul régulier depuis le début des années 1990, comme l’illustre l’infographie ci-dessous.
Sans surprise, ce déclassement progressif se retrouve aussi dans les performances boursières relatives. Nous illustrons ci-dessous la valeur actuelle - dividendes réinvestis, hors frais, sans couverture de change et avant impôts - d’un investissement mensuel de 200 € réalisé sur les trente dernières années (soit 72.000 € cumulés) sur les indices boursiers représentatifs des grandes zones géographiques. En prenant comme référence l’Euro Stoxx 50, le surcroît de valeur dégagé par un investissement à l’échelle mondiale (MSCI World) approche 100.000 € et dépasse même 250.000 € pour l’investissement sur les marchés américains (S&P 500).
Il est malheureusement probable, pour des raisons structurelles sur lesquelles nous ne nous étendrons pas ici, que cette sous-performance relative des marchés actions européens se poursuive. L’investissement sur l’indice MSCI World, ou encore sur un mix MSCI World / S&P 500, nous semble être un choix judicieux.
6. Optimiser le cadre fiscal et les structures de frais
Comme nous le montrions récemment dans un autre article, le choix de la bonne enveloppe fiscale et la maîtrise des frais de gestion sont également déterminants pour la performance de long terme.
En première partie de carrière, dans un objectif de constitution d’un capital retraite, la combinaison du Plan d’Épargne en Actions et d’une sélection d’ETF semble optimale et, au demeurant, se prête facilement à l’investissement par petites touches recommandé plus haut. Rappelons du reste que les ETF dits synthétiques permettent de sortir des frontières européennes tout en restant dans le cadre fiscal avantageux du Plan d’Épargne en Actions.
L’investissement dans un Plan d’Épargne Retraite ou en assurance-vie peut être étudié plus tard, en particulier si le plafond de versement du PEA est atteint ou que d’autres objectifs sont également visés (optimisation de l’impôt sur le revenu pour le PER, préparation successorale pour l’assurance-vie).
Cet article représente l’opinion de l’auteur et ne constitue en aucun cas une recommandation personnalisée au sens de l’Autorité des Marchés Financiers.
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