Naissance annoncée de l'euro numérique

Après deux années de foisonnement intellectuel, la BCE confirme le lancement de l’euro numérique à horizon 2025. Elle emboîte ainsi le pas à la banque centrale chinoise dont le e-Yuan est en phase de pilote depuis maintenant 2 ans.

Les professionnels du secteur financier eux-mêmes étant sceptiques quant à l’intérêt de la démarche, il m'a semblé que le sujet méritait investigation.

Allons droit aux sources. Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE et futur directeur de la Banque d'Italie, pose les objectifs suivants :

Fabio, tout cela est très bien. Il y a juste un petit détail...

Avec ma carte Visa (on peut certes regretter que ce soit une entreprise américaine) et les paiements instantanés SEPA que la même BCE a imposé aux banques européennes depuis 2019 (au prix d'une dégradation des risques de fraude), ces trois cases sont déjà cochées.

Je ne peux pas croire qu'autant de brillants esprits travaillent à solutionner un problème qui n'existe pas.

Allez, il est temps de se dire les choses.

Les banques centrales et la puissance publique de façon générale, bien que n'ayant eu de cesse de décrédibiliser les crypto-monnaies (pour des raisons qui se défendent), fantasment sur les possibilités offertes par la technologie blockchain.

Pour une raison, une seule : la traçabilité.

➡ Monnaie électronique = possibilité de tracer la source des euros qui garnissent le compte de M. Duchemol, au dégré N-1, N-2, N-x, alors qu'il ne déclare aucune activité professionnelle, sans avoir à se reposer sur une déclaration de soupçon TracFin de la part de la banque.

➡ Monnaie électronique = possibilité de limiter l'usage des sommes que vous touchez au titre du bouclier énergétique, de l'aide au logement ou de l'allocation rentrée scolaire, de façon à respecter l'intention du législateur.

➡ Monnaie électronique = assurance d'un prélèvement infaillible de l'impôt.

Face au poids de l'économie souterraine et de la criminalité organisée, je serai le premier à souscrire à l'objectif de parfaite traçabilité du système financier.

Mais la noblesse de l'objectif implique nécessairement d'avancer à découvert, de nommer l'ennemi et de se soumettre aux souverainetés démocratiques nationales, aussi pénibles soient-elles.

Sources et bibliographie