Retraite en rase campagne

Bonjour,

Sébastien Lecornu a donc suivi la voie ouverte par Élisabeth Borne, faisant l’offrande de la suspension de la réforme des retraites de 2023 afin d’éviter la censure immédiate de son nouveau gouvernement. Sans l’arme de l’article 49.3, il nous faudra endurer 70 jours de surenchère d’amendements qui viseront uniformément à alourdir l’addition fiscale. Olivier Faure a d’ores et déjà exprimé son intention de réintroduire la taxe Zucman. Yaël Braun-Pivet propose quant à elle la taxation des “super héritages” (aujourd’hui taxés à 45 %). Où l’impôt comme seul horizon de la pensée politique.

Le fatras qui tiendra lieu de projet de loi de finances à l’issue de ce processus s’annonce toxique, à rebours du chemin qui permettrait d’engager le redressement d’une économie de production. Espérons que, d’ici là, quelques députés retrouvent leurs esprits et réalisent qu’ils ne peuvent continuer à faire passer la crainte de retourner aux urnes devant l’intérêt collectif.

La sanction n’aura pas tardé : vendredi soir, l’agence Standard & Poor’s annonçait l’abaissement de la note souveraine française de AA- à A+, par anticipation sur une date de revue qui n’était prévue que le 28 novembre. Elle souligne que « la France connaît l'instabilité la plus sévère depuis la création de la Ve République, en 1958 » et projette une dette publique qui atteindrait 121 % du PIB en 2028.

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La création d’un statut unique du bailleur privé est devenue un serpent de mer de la politique du logement. Bien que politiquement consensuelle, la mesure ne figurait pourtant pas dans le projet de loi de finances déposé en début de semaine. Vincent Jeanbrun, nouveau ministre de la Ville et du Logement, annonçait vendredi qu’elle serait réintroduite au moyen d’un amendement gouvernemental.

Le texte attendu permettrait l’amortissement fiscal du prix d’acquisition du bien, ainsi que des éventuels travaux, déductible des revenus locatifs imposables. Ce dispositif aurait le mérite d’unifier les différents régimes qui co-existent actuellement. Il convient néanmoins de souligner que les amortissements ainsi déduits seraient réintégrés dans l’assiette de la plus-value taxée à la revente. Ainsi, le dispositif ne présenterait véritablement d’intérêt que pour des investissements de longue durée (22 ans pour la pleine éxonération d’impôt sur le revenu, 30 ans pour les prélèvements sociaux) ou dans la perspective de la préparation de retraite, lorsque le taux marginal d’imposition tend à diminuer.

Pour les porteurs de projets immobiliers parmi vous, je partageais il y a quelques jours ma vision sur l’évolution des conditions de crédit dans le cadre des Rencontres de l’épargne (Le Monde / Boursobank).

Lorsqu’ils ne sont pas paralysés par la perspective d’un retour aux urnes, nos parlementaires sont encore occasionnellement capables de lucidité collective. Le rapport publié cette semaine par la Commission des affaires économiques du Sénat met en lumière le déclin de la filière automobile française, dont la part de marché en Europe a reculé de 12 points en 20 ans.

Il appelle notamment à une réciprocité de barrières douanières sur les véhicules électriques chinois, ainsi qu’à repousser l’interdiction sur les moteurs thermiques - domaines dans lesquels notre souveraineté a été transférée à l’Union Européenne - tout en soulignant la nécessité de réduire le coût du travail et de l’électricité en France.

Les valeurs bancaires ont été fortement secouées cette semaine aux États-Unis et dans une moindre mesure en Europe. Les parallèles que je lis, ici ou là, avec la crise de 2008 me semblent excessifs. Le récapitulatif factuel des incidents de ces dernières semaines :

  • 10 septembre : mise en liquidation de Tricolor Holdings, revendeur de véhicules d’occasion, également établissement de crédit solidaire (entendez “subprime”, ciblant en particulier les immigrés clandestins). Cette faillite révèle des pratiques frauduleuses en matière de prises de gage et engendre 200 M$ de pertes cumulées pour les banques et asset managers qui finançaient cette société.

  • 28 septembre : mise sous régime de protection (chapter 11) de First Brands, fournisseur important de pièces détachées pour l’industrie automobile américaine, employant 26.000 personnes. La crise de liquidité de la société dévoile des financements hors-bilan opaques dont la portée n’est pas encore clairement établie. La banque d’affaires Jefferies informe les marchés que son exposition First Brands est d’environ 1 Md$ (dont 715 M$ via l’un de ses fonds d’investissement). En un mois, l’action Jefferies perd 27 % de sa valeur, soit près de 4 Md$ de capitalisation boursière.

  • 14 octobre : Jamie Dimon, DG de JP Morgan Chase, tout en présentant d’excellents résultats trimestriels, répond à une question portant sur ces deux incidents par un commentaire sybillin : « My antenna goes up when things like that happen... when you see one cockroach, there are probably more ».

  • 16 octobre : Zions Bancorporation, une banque régionale américaine de second plan, disposant de 6 Md$ de capitaux propres, annonce une provision de 50 M$ sur des gages immobiliers frauduleux liés au groupe Cantor (sans lien avec la société de courtage Cantor Fitzgerald). Le même jour, Western Alliance Bancorp, autre banque régionale de taille équivalente, annonce également passer une provision sur ce même dossier, sans divulguer de chiffres.

Pour reprendre la célèbre formule de Warren Buffet, la hausse des taux - autrement dit la baisse de marée monétaire - commence assurément à exposer quelques banquiers qui nageaient sans maillot. En outre, les libertés prises avec les principes de comptabilité du hors bilan sont effectivement réminiscentes des années 2000 (Enron, Lehman Brothers).

Néanmoins, les canaux de transmission de la grande crise financière (2007-2009) ont été, depuis, encadrés. Le marché des Credit Default Swaps est aujourd’hui 7 foismoins important qu’il ne l’était en 2007. Il en va de même des titrisations synthétiques, Collateralized Debt Obligations, CDO2 et autres viagras de l’investissement. Parallèlement, les exigences de fonds propres réglementaires des banques commerciales ont été peu ou prou doublées.

En vertu de la dynamique des fluides qui régit les interactions entre régulateurs et acteurs du système financier, les risques de surchauffe, en haut du cycle de crédit, se concentrent désormais dans les fonds de dette privée. La transmission de pertes de crédit au système bancaire, sans être exclue, devrait rester contenue.

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Enfin, vous retrouverez le télégramme des marchés financiers par Séverine Piot-Deval :

En vous souhaitant une bonne journée.