Le bruit des bottes

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Bonjour,

Tard dans la nuit de vendredi à samedi, l’Assemblée nationale a rejeté à 404 voix contre une (et 84 abstentions) le volet fiscalité de la loi de finances 2026 charcuté par ses soins depuis 4 semaines. On trouve les abstentions dans les rangs d’Ensemble pour la République et du Modem. Tous les autres groupes, de LFI jusqu’au RN, ont voté unanimement ou très majoritairement contre.

Le gouvernement a néanmoins choisi de transmettre au Sénat le projet de loi restauré dans sa version initiale. Quels que soient les amendements qui seront apportés par la chambre haute, ce texte reviendra ensuite à l’Assemblée nationale où l’on peine à imaginer qu’il puisse recueillir un vote favorable. Nous nous dirigeons donc en toute vraisemblance vers une absence de loi de finances et le recours à une « loi spéciale » afin de permettre à l’État de continuer à lever l'impôt et à payer les dépenses courantes de l'État en janvier. Une telle loi emporte cependant le gel des nouveaux investissements à tous les échelons de l'État, jusqu'aux collectivités. Au-delà de quelques semaines, l’effet récessif d’un tel régime serait sévère.

Il est en outre possible qu’une motion de censure fasse tomber le gouvernement Lecornu dans les jours qui viennent.

Mais avant de refermer ce chapitre, nos députés auront pu s’adonner à certains de leurs passe-temps favoris :

  • des allègements de TVA pour tous les groupes d’intérêts possibles et imaginables, des parcs zoologiques à la réparation de mobilier, en passant par les produits vendus à la ferme ou issus du commerce équitable

  • le matraquage en règle de tout ce qui ressemble de près ou de loin à de l’immobilier et ne pourra pas s’enfuir à l’étranger : élargissement de la taxe sur les friches commerciales, relèvement du plafond de la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la lutte contre les inondations, doublement du plafond de la taxe spéciale d’équipement et moult propositions de nouvelles taxes, non retenues.

Enfin cette perle qui ne pourrait recueillir de majorité dans nul autre pays développé : la fixation par décret des prix des produits alimentaires et d’hygiène essentiels (LFI).

Dieu merci, ces amendements tombent avec l’ensemble du texte mais nous offrent un aperçu du triste état de notre paysage politique. Vous pouvez retrouver les détails des travaux de la semaine sur notre page dédiée :

Pour ceux qui préfèrent un format vidéo, moins détaillé mais plus pédagogique, je décryptais cette loi de finances au micro de Matthieu Louvet en début de semaine :

Dans le même temps, le Sénat a entamé l’examen du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale. La principale modification apportée à ce stade concerne l’indexation des pensions de retraite qui, au-delà du SMIC, ne serait plus revalorisée qu’à hauteur de la moitié de l’inflation.

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Lundi, Volodymyr Zelensky annonçait, à l’occasion d’une visite en France, son intention de commander 100 Rafales. Plusieurs éléments invitent à prendre une telle annonce avec une pincée de sel :

  • Il s’agit d’une déclaration d’intention non contractualisée. Aucune négociation n’est encore intervenue quant au prix, délais de livraison ou modalités de financement.

  • Le mois dernier, Zelensky annonçait lors d’un déplacement en Suède son intention de commander 150 Gripen, appareil concurrent du Rafale.

  • Le chiffre avancé correspondrait au triple de la plus grosse commande reçue jusqu’à présent (Inde, 36 appareils).

  • Dassault ne produit que 4 Rafales par mois et a encore plus de 200 appareils à livrer au titre des commandes fermes déjà engrangées (soit 4 années de production).

  • Si l’on inclut les armements, équipements et formations qui devraient l’accompagner, une telle commande représente un investissement de 20 à 25 Md€, alors que l’Ukraine est déjà virtuellement en situation de défaut.

Autant dire qu’une telle annonce répond avant tout à des objectifs politiques et n’a pas, à ce stade, de valeur industrielle.

Le lendemain, mardi, le Général Mandon, chef d’état-major des armées, s’adressait aux maires de France, devant les caméras, sur un ton grave :

« Nous avons tout pour dissuader Moscou. Ce qu’il nous manque, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour défendre la Nation. (…) Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. Il faut en parler dans vos communes. »

Que le chef d’état-major prépare nos armées, en silence, à la possibilité d’un conflit ouvert avec la Russie ou toute autre puissance menaçante, c’est son rôle.

Mais chatouiller l’ours russe, par cette prise de parole inconsidérée, au lendemain de l’annonce de Rafale, c’est créer les conditions du conflit que l’on dit vouloir éviter.

Enfin, une telle parole, indirectement adressée aux Français, procède d’un glissement inacceptable. En vertu de l’article 35 de la Constitution, la déclaration de guerre est la prérogative du Parlement. Jusqu’à preuve du contraire, la France n’est donc pas en guerre et nul n’est fondé à nous demander sur un ton solennel le sacrifice de nos enfants.

Jeudi, pour bien rythmer la semaine, le gouvernement publiait un guide de 26 pages à destination de tous les Français, nous invitant à constituer un kit de survie incluant 6 litres d’eau, nourriture non-périssable, couteau multi-fonctions, radio à piles, lampe de poche, trousse de premier secours, couverture de survie, etc, et à le conserver bien en évidence près de la porte de sortie !

La politique de la peur, faute d’avoir mieux à proposer.

Pendant ce temps, Trump mettait Zelensky en demeure d’accepter un plan de paix comprenant :

  • l’abandon par l’Ukraine de la Crimée et des régions de Donetsk et Luhansk

  • la démilitarisation partielle de l’Ukraine et le renoncement à entrer dans l’OTAN

  • l’échange de tous les prisonniers

  • une amnistie pour les crimes de guerre commis par les belligérants

  • l’organisation d’élections présidentielles en Ukraine

  • la réintégration de la Russie au sein du G8.

Comme à son habitude, le ton employé par Trump est odieux, mais l’essentiel n’est pas là. Il s’agit vraisemblablement de la dernière chance pour Zelensky d’éviter à son pays de disparaître purement et simplement de la carte. Une fois encore, l’Union Européenne aura été absente : le leadership partagé à 27, cela n’existe pas. Ayant manqué ce rendez-vous de l’Histoire, la décence serait maintenant de ne pas se mettre en travers de la paix…

Le bitcoin poursuit sa violente correction, finissant la semaine sous les 75.000 $, en baisse de 30 % en un mois. L’absence d’usages industriels ou culturels, et la faiblesse de leurs usages transactionnels, font des crypto-actifs des instruments principalement spéculatoires, à la liquidité réduite, sujets à une volatilité explosive. Nous en restons à l’écart et préférons nous reposer sur l’or comme instrument de diversification et de protection contre le débasement monétaire.

Vous retrouverez comme chaque dimanche la chronique des marchés financiers de Séverine Piot-Deval :

En vous souhaitant une excellente journée.