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Conclave des retraites : à la recherche du temps perdu

Ne passons pas par quatre chemins : le « conclave » souhaité par François Bayrou pour rouvrir la question de nos régimes de retraite est très mal engagé.

Il y a deux jours, la Cour des comptes remettait un rapport dont l’objectif était de poser les bases factuelles de la discussion. Celui-ci établit que, laissés en l’état, les déficits des régimes collectifs pourraient atteindre 25 Md€ à 32 Md€ par an, selon les hypothèses et sans prise en compte de l’inflation, à l’horizon 2045.

Ce faisant, la Cour des comptes choisit de laisser croire que nos régimes de retraite sont aujourd’hui proches de l’équilibre. Or, comme les travaux de l’Institut Molinari et de Fondapol l’ont régulièrement montré, cet équilibre de façade n’est possible qu’au prix d’une augmentation sans fin des surcotisations et autres subventions abondées par l’État au titre des régimes de la fonction publique : le taux de cotisation retraite à la charge de l’employeur atteint maintenant 74 % dans la fonction publique d’État contre 28 % dans le privé.

Ces manipulations comptables visent à masquer le gouffre financier causé par un système de répartition conçu à une époque où nous avions plus de 5 actifs pour un retraité, quand nous n’en avons plus que 1,4 aujourd’hui dans le régime général et même moins de 1 dans l’ensemble de la fonction publique.

Ces artifices de présentation écartés, les travaux de Fondapol montrent que le déséquilibre de nos régimes de retraites pèse pour environ 81 Md€ dans le déficit public 2024.

En acceptant de balayer cette très lourde poussière sous le tapis, la Cour des comptes concourt à entretenir l’illusion de l’équilibre actuel de nos régimes de retraite. Dans ce décor factice, les débats du conclave porteront sur un problème qui ne se matérialiserait qu’à l’horizon d’une vingtaine d’années, pour des montants relativement modiques au regard de notre déficit actuel. Dans ce monde parallèle, les parties prenantes auront beau jeu de repousser à plus tard toute mesure douloureuse. Nous aurons droit, une fois encore, à un réglage paramétrique superficiel qui ne résoudra rien de façon durable.

Pourtant, le rétablissement de nos finances publiques - et à terme de la compétitivité de notre économie - nécessite des réformes structurelles ambitieuses visant à améliorer notre taux d’emploi et, d’autre part, à nous affranchir de l’aléa démographique par l’introduction progressiveme d’un régime collectif par capitalisation (dans le cadre d’un système « 3 piliers » tel que ceux qui existent en Suisse, aux Pays-Bas ou au Danemark).

Réalistement, l’instabilité politique induite par la composition actuelle de l’Assemblée Nationale rend de telles réformes improbables pour les deux ans qui viennent. Souhaitons que la campagne présidentielle 2027 permette à des candidats de faire des propositions courageuses dans ce sens. Dans l’attente de telles réformes, nous réitérons notre conseil : tout au long de la vie active et le plus régulièrement possible, investir 10 % de ses revenus pour préparer sa retraite par ses propres moyens.

Sources et bibliographies