Spirales destructrices

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Bonjour,

Les barrières douanières annoncées par Donald Trump engendrent une spirale de mesures de rétorsion délétères pour l’économie mondiale. Le cours du pétrole réagit en tombant à son plus bas niveau depuis 4 ans, un très mauvais signal. S’il n’y a pas d’adultes dans la pièce pour ramener le POTUS à la raison, il est possible que nous ne soyons qu’au début d’une douloureuse correction des marchés actions.

Construits dans un esprit défensif, nos portefeuilles modèles restent en territoire positif depuis leur constitution et affichent des volatilités bien inférieures à celle du marché. Néanmoins, nous avons choisi de replier un peu de toile sur le portefeuille de capitalisation : risk off.

Vous pouvez également retrouver les commentaires de Séverine Piot-Deval sur cette semaine agitée :

Alors que Volodymyr Zelensky a signifié qu’il se plierait aux conditions de Donald Trump en vue d’obtenir un accord de paix, la prise de parole, mercredi, du Président de la République laisse songeur :

  • Le ton choisi - excessivement martial - est à contretemps de l’histoire. Veut-on encourager Zelensky a poursuivre la guerre jusqu’au dernier Ukrainien ?

  • Indiscutablement, le réveil de la Russie constitue une menace pour l’Ukraine, les pays baltes et la Moldavie. L’agressivité russe en matière de cyber-attaques et de manipulation des opinions est tout aussi réelle. Mais sachons raison garder : Vladimir Poutine n’ambitionne pas de faire défiler ses chars sur les Champs Élysées.

  • « C’est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires et les budgets sont une chose mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation ». Devons-nous préparer nos baluchons ou ne s’agit-il que des gesticulations d’un Président cherchant sa prochaine mission ? Il est aussi nécessaire de se réarmer qu’il l’est de stopper la spirale de la réthorique guerrière : des actes plutôt que des discours inutilement anxiogènes.

  • « Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage ». Monsieur le Président, ces réformes, ces choix, ce courage sont ceux qu’une majorité d’électeurs attendaient de vous dès 2017. Qu’avez-vous fait de ces huit années ?

Difficile de piloter ses investissements dans un environnement incertain ? A moins de se focaliser sur les tendances porteuses à long terme en protégeant son capital. Parlons-en !

Séverine Piot-Deval

Sans surprise, la perspective d’un réarmement européen attire son lot de charlatans.

Ursula Von der Leyen, tout d’abord, dont la gourmandise est absolument indécente. La menace russe comme cheval de troie à de nouveaux transferts de souveraineté. Stop ! Les questions de défense relèvent de la libre coopération entre États souverains. Ne laissons la gestion d’aucun appel d’offres entre les mains d’une personne qui refuse encore, à ce jour, de rendre compte des conditions dans lesquelles elle a négocié notre approvisionnement en vaccins pendant la pandémie de Covid.

Plus surprenante, la sortie de Jean-François Copé interrogé par Sonia Mabrouk sur l’effort de réarmement : « Il faut que l’épargne privée vienne au secours de la dépense publique et qu’on accepte de mobiliser tous les moyens, de lever tous les tabous ». De droit fondamental, ce qu’il nous reste de propriété privée après nous être acquittés des prélèvements obligatoires les plus élevés de l’OCDE est ramené au rang d’une vulgaire contingence face à une dépense publique que l’on renonce à contrôler, tous bords politiques confondus. Bas les pattes ! Vous avez collectivement ruiné nos finances publiques, ne vous avisez pas de gérer notre épargne.

Dans son numéro de mars, la Revue Banque m'a proposé de prendre la plume pour défendre les spécificités du crédit immobilier « à la française ». À l'échelle internationale, celui-ci se distingue sur les points suivants :

  • Il repose principalement sur l'évaluation des perspectives de revenus de l'emprunteur, bien plus que sur la valeur du bien financé.

  • Il s'appuie sur un modèle de transformation d'une épargne stable en crédits longs qui, en abaissant le coût de revient du crédit, nous offre des taux parmi les plus bas au monde.

  • Il est très protecteur des emprunteurs, leur permettant d'emprunter à taux fixe sur 25 ans tout en conservant la faculté de rembourser par anticipation à moindre coût, voire de renégocier les conditions quand les taux baissent.

Aussi original soit-il, ce modèle a résisté à l'épreuve du temps. Les taux de défaut sont en France parmi les plus bas au monde et, même au cœur de la tempête de 2008-2009 ou de la violente remontée des taux de 2022-2023, sont restés impassibles. Contrairement à ce que l'on nous raconte parfois, il est, dans notre pays, exceptionnellement rare que les crédits immobiliers causent des situations de surendettement.

Pourtant, ce modèle éprouvé est attaqué de toutes parts :

  • Par le Haut Conseil de Stabilité Financière tout d'abord qui, depuis 2022, a enlevé aux banques toute souplesse d'appréciation quant au potentiel de progression des revenus, au « reste à vivre » ou aux revenus locatifs auto-finançant le remboursement d'un crédit (calcul différentiel).

  • Par l'arrivée de la réglementation internationale Bâle IV qui, elle, mise tout sur l'évaluation du bien. Une expertise indépendante sera bientôt obligatoire, comme si les principes élémentaires de l'économie de marché étaient passés par la fenêtre et que la valeur de marché, soudain, n'était plus définie par le point de rencontre d'un vendeur avec un acheteur. Notez la schizophrénie totale avec la réglementation française (point précédent). Pour rendre les banquiers fous, on ne s'y prendrait pas autrement.

  • Par la Banque Centrale Européenne qui considère que les banques françaises se mettent en risque de taux en transformant des dépôts courts - même non rémunérés - en crédits à taux fixes et voudrait imposer un modèle de crédit à taux révisables (ou taux fixes beaucoup plus courts) dont les Français, clairement, ne veulent pas. Les meilleurs banquiers savent par ailleurs que le risque de taux, lorsqu'il est repoussé sur l'emprunteur, rejaillit en risque de crédit. Les crises financières causées par les crédits immobiliers à l'anglo-saxonne l'ont maintes fois montré.

Bref, notre modèle mérite d'être défendu avec force par nos dirigeants de banques comme par nos gouvernants.

Il y a quelques semaines, Pierre Maynial et moi co-signions un article sur la domination progressive des ETF dans l’univers de la gestion actions. Sous une forme encore plus aboutie, celui-ci nous vaut la couverture du magazine Gestion de Fortune du mois de mars, une publication que nous vous recommandons chaleureusement !

Je saisis cette occasion pour vous inviter à vous abonner à l’excellente newsletter de Pierre Maynial :

Monsieur CapitalLes meilleures opportunités d’investissement, décryptées chaque semaine.

En vous souhaitant un agréable dimanche.