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Les pays développés face au défi de la dénatalité
Un déclin structurel de la natalité
Depuis la fin du baby boom, les pays développés sont confrontés à une baisse quasi continue de leur natalité. Après un modeste rebond de 2002 à 2008, cette tendance a repris et semble même s’accélérer ces dernières années, selon un récent rapport de l’OCDE. En 2022, le taux de fécondité moyen dans l'OCDE s'établissait à seulement 1,5 enfants par femme, bien en-deçà du seuil de renouvellement des générations.
Parallèlement à la baisse du taux de fécondité, on observe un recul de l'âge moyen à la première maternité, passé de 28,5 ans en 2000 à 30,9 ans en 2022 en moyenne dans l'OCDE. Cette tendance au report des naissances s'accompagne d'une hausse généralisée de la proportion de femmes sans enfant. Dans certains pays comme l'Italie, l'Espagne ou le Japon, près d'un quart des femmes nées en 1975 n'ont pas eu d'enfant, soit deux fois plus que pour la génération née en 1935.
La fin d’une exception française
Si la France a longtemps semblé résister à cette lame de fond avec un taux de fécondité qui était encore de 2 enfants par femme jusqu’en 2014, celui s’est depuis rapidement dégradé pour tomber à 1,69 en 2023. Il reste néanmoins l’un des plus élevés au sein de l’OCDE, loin des situations alarmantes observées dans certains pays d’Asie (Corée, Japon) ou d’Europe (Espagne, Italie, Pologne, Grèce).
La relation complexe entre développement économique et natalité
Le lien entre le développement économique et social d’un pays et l’affaiblissement progressif de sa natalité est établi depuis longtemps. Si l’on se fonde sur l’indice de développement humain (HDI) mesuré par le Programme des Nations Unies pour le Développement, cette corrélation négative est évidente.
On devine facilement certains des facteurs qui peuvent y contribuer : éducation sexuelle, accès à la contraception et à l’avortement ou encore baisse de la mortalité infantile. Néanmoins, ceux-ci ne permettent pas d’expliquer pourquoi la natalité continue de chuter encore aujourd’hui dans les pays les plus développés.
Pour le comprendre, il faut porter son regard, au delà du nombre d’enfants par femme en valeur absolue, sur l’écart entre ce chiffre et le nombre d’enfants idéalement souhaité. Comme l’on peut s’y attendre, le développement économique a initialement pour effet de réduire la surnatalité par rapport à l’idéal souhaité. Mais une étude récente montre que, lorsqu’un pays passe d’un HDI de 0,70 (Philippines) à 0,80 (Malaysie), il bascule rapidement d’une situation de surnatalité significative par rapport à l’idéal à une situation de sous-natalité marquée. Ainsi, le recul de la natalité dans les pays les plus développés serait, à l’échelon individuel, subi bien plus qu’il n’est choisi.
Le rôle du travail des femmes
Pour comprendre comment nos sociétés modernes parviennent à ces situations de sous-natalité subie, l’un des facteurs sur lesquels il convient de se pencher est celui du travail des femmes.
Dans les pays les plus développés, l’emploi des femmes, en tant que tel, n’est plus, depuis les années 1990, un frein à la natalité : comme celui des hommes, il présente une légère corrélation positive avec le taux de fécondité.
En revanche, pour les femmes employées à plein temps, le nombre d’heures travaillées, lorsqu’il est élevé, pénalise lourdement la natalité. Le fait que cette relation soit inversée chez les hommes semble témoigner de la persistance d’une asymétrie défavorable aux femmes dans le partage de la charge de travail liée à la présence d’un enfant, aggravant pour de nombreuses mères la difficulté à concilier vie professionnelle et responsabilités familiales.
Ainsi, la crise de natalité actuelle pourrait être pour partie attribuable à l’état encore transitoire d’une révolution des moeurs qui, si elle a permis d’aplanir les opportunités professionnelles entre les sexes, reste souvent inachevée dans la sphère familiale.
L’impact des politiques publiques
Face à ces évolutions, de nombreux pays ont mis en place des politiques visant à soutenir la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. La France et les pays scandinaves, en particulier, offrent un continuum de soutien allant des congés parentaux rémunérés aux infrastructures d'accueil des jeunes enfants, qui peut en partie expliquer que la natalité y ait moins reculé qu’ailleurs.
Le rapport de l’OCDE souligne par ailleurs que les aides qui semblent avoir le plus d’effets sur le taux de fécondité sont celles qui prennent la forme de services. Les aides strictement financières, bien qu’ayant évidemment des effets positifs pour les familles les plus pauvres, sont peu efficaces sur le strict plan de la natalité.
L’épineux problème du logement
Un facteur émergent mis en avant par le rapport de l'OCDE est l'augmentation considérable du coût du logement depuis la fin des années 1990 dans la plupart des pays membres.
À l’échelle de l’OCDE, 50 % des jeunes de 20 à 29 ans vivent encore chez leurs parents, un chiffre qui s’est dégradé de 5 points en une quinzaine d’années. En France, cette proportion est passée de 30 % en 2006 à 47 % en 2022. Une telle tendance ne peut évidemment que retarder l’arrivée du premier enfant. L’existence d’une offre locative compétitive est essentielle à l’autonomie des jeunes actifs.
La dénatalité, symptôme d’une perte de repères
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