- MoneySmart
- Posts
- Le temps perdu
Le temps perdu

Bonjour,
Selon toute vraisemblance, Emmanuel Macron devra prochainement se mettre en recherche d’un cinquième Premier ministre en deux ans.
Certains commentateurs voient du panache dans le choix de François Bayrou d’initier lui-même un vote de confiance à l’approche d’un débat budgétaire impossible. Ma lecture est plus critique :
La démarche de François Bayrou me paraît tout d’abord institutionnellement irrespectueuse. Un vote de confiance parlementaire n’est pas un référendum que l’on peut circonscrire à une question choisie (la dette publique française est-elle excessive ?). Il porte sur une politique générale et, donc, nécessairement, sur les réponses à apporter aux problèmes du pays.
La difficulté de former un consensus budgétaire au sein d’une Assemblée nationale éclatée, ayant déjà causé la chute de Michel Barnier, était connue d’avance. François Bayrou savait, en prenant son poste en décembre dernier, que le débat budgétaire de l’automne 2025 relèverait de l’impossible. Formuler de vagues propositions le 15 juillet, après la clôture de la session parlementaire, au moment où les Français partent à la plage, puis poser la question de la confiance avant même l’ouverture du débat budgétaire est un refus d’obstacle calculé, cynique.
Au-delà même des considérations institutionnelles, les propos de François Bayrou visant à mettre la responsabilité de la dette sur les genoux des Français - celle-ci résultant de prestations dont ils ont bénéficié - ne passent pas. La France active, assommée de prélèvements obligatoires et constatant la décrépitude des services essentiels attendus de l’État, n’accepte pas une telle outrance. Si de nouveaux effort doivent être consentis, l’État lui-même doit être en première ligne, reprioriser son périmètre d’intervention et optimiser son fonctionnement.
Accordons à François Bayrou d’avoir été l’un des premiers, dans le paysage politique français, à alerter quant à la dérive de nos finances publiques. Mais en cinq ans au Commissiariat au plan puis comme Premier ministre, quelle aura été sa contribution effective à la réforme du fonctionnement de l’État ?
La dissolution inopportune de juin 2024 et la composition de l’Assemblée nationale qui en a résulté ont paralysé, depuis, toute possibilité d’action politique. Sous une agitation de surface, nos finances publiques et la compétitivité de notre économie continuent gentiment de s’enfoncer.
Il n’en fallait pas plus pour que le spread OAT-Bund (représentatif de l’écart de coût de financement entre la France et l’Allemagne) s’écarte d’environ 15 points de base, l’OAT 10 ans repassant au-dessus de 3,50 %.
Par un hasard du calendrier, Matthieu Louvet publiait cette semaine la seconde partie de notre entretien enregistré en juin, dans lequel je partage mon analyse des causes profondes de notre déclassement économique. Ne vous arrêtez pas au titre de la vignette, ce n’est en aucun cas du fatalisme mais un appel à la lucidité et au courage.
Where Accomplished Wealth Builders Connect, Learn & Grow
Long Angle is a private, vetted community for high-net-worth entrepreneurs and executives. No fees, no pitches—just real peers navigating wealth at your level. Inside, you’ll find:
Self-made professionals, 30–55, $5M–$100M net worth
Confidential conversations, peer advisory groups, live meetups
Institutional-grade investments, $100M+ deployed annually
Qu’à cela ne tienne, la gravité de notre situation financière ne doit pas nous détourner des vrais débats de société. Aussi Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, nous propose-t-elle de “dégenrer” la devise figurant au fronton du Panthéon : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».
Qu’importe si Marie Curie ou Simone Veil y reposent. Abattons une bonne fois le caractère générique du mot “homme” dans la langue française. Et pour bien faire, finissons-en aussi avec ce terme terriblement oppressif de “patrie”…
N’y a-t-il donc pas de sujets plus importants pour rétablir le niveau éducatif de notre jeunesse, parti dans le caniveau ?
Outre-Atlantique, Donald Trump a essuyé vendredi un revers judiciaire important concernant sa politique douanière. La cour d’appel fédérale a validé une décision de première instance estimant qu’il a outrepassé ses pouvoirs en imposant des taxes à l’importation aussi étendues sans les soumettre à l’approbation du Congrès. Les arguments de l’administration Trump, invoquant une situation d’urgence (sections 232 et 301), ont ainsi été jugés irrecevables.
Il est cependant à noter que cette décision n’est pas exécutoire, dans l’attente du recours de l’administration auprès de la Cour suprême.