La baisse des taux attendra

Poursuite de la normalisation de l’inflation

Le reflux de l’inflation poursuit son cours en Europe. Sur 12 mois, celle-ci s’établit en zone euro à 2,6 % (3,1 % hors énergie et alimentation).

Il faut bien sûr se méfier de telles représentations graphiques qui risquent de faire visuellement passer la désinflation pour ce qu’elle n’est pas : de la déflation. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) de la zone euro reste aujourd’hui supérieur de 18% à son niveau de 2021, lorsque les premiers signes de reprise de l’inflation apparaissaient. Toutefois, celui-ci ne progresse plus : mesurée sur 6 mois plutôt que 12, l’inflation en zone euro n’est que de 0,5% en rythme annualisé. Rappelons que la Banque centrale européenne se fixe pour cible une inflation annuelle à 2 %.

Pourtant, ces dernières semaines, Christine Lagarde et les membres du Conseil des gouverneurs multiplient les signaux indiquant, par voie de presse, qu’il est trop tôt pour assouplir la politique monétaire. Il ne faut par conséquent rien attendre de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs qui se tiendra ce jeudi 7 mars.

Anticipations de marché

Le marché des futures €STR permet de lire à livre ouvert le consensus des marchés financiers sur les mouvements à venir des taux directeurs. Un future €STR est un contrat par lequel il est possible d’acheter (ou de vendre) une protection sur le niveau des taux interbancaires à une date donnée. Ceux-ci étant étroitement liés au taux de la facilité de dépôt de la BCE, il est possible de déduire du cours de ces futures les anticipations du marché quant aux décisions à venir de la banque centrale.

Alors qu’à l’automne dernier, l’hypothèse dominante était celle d’une première baisse intervenant dès le mois de mars 2024, l’assouplissement n’est désormais plus attendu avant le mois d’août. Selon le consensus de marché, nous finirions l’année 2024 avec un taux de dépôt de la BCE à 3,25 %. La baisse se poursuivrait ensuite jusqu’à un taux de 2,50 % à fin 2025.

Ne plus trop tarder

Il est possible, néanmoins, qu’après avoir été trop gourmands quant au calendrier de la baisse des taux, les marchés pêchent désormais dans l’autre sens. Sauf accident, l’inflation en zone euro devrait s’approcher de sa cible de 2 % à l’approche de l’été. On note par ailleurs un resserrement des divergences d’inflation entre les principales économies de la zone qui est de nature à redonner des marges de manœuvre en matière de politique monétaire.

Enfin, l’Allemagne étant maintenant entrée en récession (2 trimestres consécutifs de contraction du PIB) et la France y ayant tout juste échappé, on peut penser qu’une certaine pression politique s’exercera pour que la BCE n’ait pas un temps de retard sur l’assouplissement de sa politique comme elle l’avait eu dans sa réaction face au retour de l’inflation.

Nous misons donc sur un premier relâchement des taux directeurs intervenant au début de l’été.

Bibliographie