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Le commerce mondial au bord du précipice

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le commerce international traverse une crise sans précédent. En l’espace de quatre mois, la politique protectionniste américaine a fracturé les échanges internationaux et fait ressurgir le spectre d’une récession mondiale. Cet article analyse les répercussions déjà observables de cette guerre commerciale multidimensionnelle.

Une offensive protectionniste d’une ampleur inédite

Passé le decorum du « jour de la libération » et quelques ajustements intervenus dans les jours suivants, les mesures douanières américaines semblent temporairement stabilisées :

  • droits de douane de 25 % sur l’acier, l’aluminium, les véhicules et composants automobiles

  • droits de douane de 10 % pour les autres importations, à l’exception de certains produits critiques : énergie, minerais et métaux, bois, caoutchouc, engrais, produits pharmaceutiques, produits et composants électroniques

  • droits de douane spécifiques de 145 % sur les importations en provenance de la Chine

  • fin de l’exemption sur les colis de moins de 800 $.

L’application des droits de douane “réciproques” initialement annoncés - dont nous rappellerons qu’ils sont strictement calculés sur la base des déséquilibres de balances commerciales observés, en l’absence même de barrières douanières (20 % pour l’Union Européenne) - a été repoussée en juillet afin de laisser du temps aux négociations bilatérales.

Vous avez dit négociations ?

Pourtant, en dépit du compte à rebours engagé, les négociations semblent au point mort.

Côté européen, bien qu’ayant mis sur la table une possible augmentation des importations de gaz liquéfié et de soja, le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, n’est pas parvenu à faire progresser la discussion, faute d’objectifs clairement énoncés par ses interlocuteurs américains.

Le niveau de tension est plus fort encore avec la Chine. Pékin a officiellement démenti l’existence de négociations en cours avec Washington. Le ministère du Commerce a qualifié les propos de Donald Trump quant à la probabilité de parvenir à un accord de « pure spéculation », affirmant qu’aucune discussion ne serait possible sous la pression des droits de douane actuellement en vigueur.

Face à nous, l’effondrement du commerce mondial

La seule perspective de barrières douanières a d’ores et déjà mis un coup d’arrêt brutal à la croissance de l’économie américaine, passée de 2,4 % au 4ème trimestre 2024 (vs T4 2023) à -0,3 % au 1er trimestre 2025 (vs T1 2024), soit la chute trimestrielle la plus forte enregistrée depuis 2014, hors période de pandémie.

Si les annonces du 2 avril ont été un séisme, c’est un tsunami récessionniste qui, un mois plus tard, s’apprête à s’abattre sur les côtes américaines. À titre d’illustration, le port de Los Angeles, premier point d’entrée d’importations en provenance d’Asie, annonce pour la semaine qui vient des volumes en baisse de 35 % par rapport à la même période un an plus tôt.

Torsten Slok, chef économiste d’Apollo Global Management, anticipe des rayons vides dans les magasins américains dès la mi-mai ainsi que des licenciements massifs dans le commerce de détail et le secteur du frêt, qui emploient à eux deux 25 millions de personnes.

Je te tiens, tu me tiens…

Dans cette partie de go, la Chine dispose d’une arme redoutable : sa capacité à mettre sous embargo l’exportation de produits critiques à l’approvisionnement américain, quand bien même ceux-ci sont exempts de barrières douanières. Ainsi, dès le 4 avril, des restrictions d’exportation étaient annoncées sur certaines terres rares dont la Chine assure jusqu’à 90 % de la production mondiale - samarium, gadolinium, terbium, dysprosium, lutetium, scandium, and yttrium - ainsi que sur certains métaux critiques - tungstène, tellure, bismuth, indium, molybdène. Si ces éléments sont méconnus, ils sont pourtant essentiels aux chaînes de production de nombreux secteurs : défense, aéronautique, automobile, électronique, imagerie médicale… Les États-Unis disposent certes d’un stock stratégique permettant de pallier des ruptures d’approvisionnement à court terme mais reconstituer des capacités de production alternatives ailleurs dans le monde prendrait de nombreuses années.

La Chine conserve en outre d’autres cartes dans son jeu, en particulier dans le domaine des produits pharmaceutiques, pesant plus de 90 % des importations américaines de médicaments aussi cruciaux que l’ibuprofène ou l’hydrocortisone.

De leur côté, les États-Unis annonçaient le 1er mai la rupture de tous les échanges commerciaux avec les pays qui continueraient d’importer des hydrocarbures en provenance d’Iran. Bien que la Chine n’ait pas été expressément nommée, elle est le premier importateur de pétrole iranien.

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