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Baby bust
Bonjour,
Comme la géologie façonne le paysage, la démographie forme l’armature silencieuse de l’économie. Dans l’indifférence générale, l’INSEE a récemment publié un bilan statistique qui signe la fin de l’exception française en matière de natalité : les 627.000 naissances enregistrées en France métropolitaine en 2024 constituent le chiffre le plus faible depuis la seconde guerre mondiale, alors que le pays comptait 40 % d’habitants de moins qu’aujourd’hui. Sur le passé plus récent, ce chiffre prolonge une tendance de baisse marquée et quasi-continue (2021 exceptée) : -22 %, déjà, depuis 2010.
Le taux de fécondité est désormais mesuré à 1,62 enfants par femme. S’il reste le deuxième plus élevé en Europe derrière la Bulgarie, ce chiffre nous place néanmoins loin du seuil de remplacement de la population, estimé à 2,10.
Notre pays est aujourd’hui au point de bascule du « solde naturel » (différence entre les naissances et les décès) : encore marginalement positif en 2024 (+17.000), celui-ci s’inverse sur les cinq premiers mois de l’année 2025 (-20.000), une première en temps de paix.
La dénatalité est un phénomène qui touche l’ensemble des pays développés, dont les premiers signes remontent à la fin du XIXème siècle, traduisant vraisemblablement la transformation du rôle des femmes dans la société (rendue possible par la mécanisation du travail puis l’accès à la contraception) ainsi que la sur-concentration urbaine et ses conséquences sur le coût du logement.
Si fondamentaux sont les problèmes de population qu'ils prennent de terribles revanches sur ceux qui les ignorent.
À l’échelle planétaire, le désamorçage de la « Bombe P. » (Paul Ehrlich, 1968) permettra de soulager quelque peu la pression anthropique sur les ressources naturelles et les écosystèmes. Sur le plan économique cependant, la transformation de la pyramide des âges en obélisque fera peser la responsabilité de création de richesses sur un nombre réduit d’actifs, certes assistés d’intelligence artificielle. Notre modèle social devra nécessairement être repensé en conséquence.
De la dénatalité à la nécessaire réforme de nos régimes de retraite, la transition est aisée. Pourtant, je n’avais pas la primeur des chiffres de l’INSEE lorsque je me présentais, mi-juin, au micro de Matthieu Louvet pour son podcast « Secrets d’investisseur ».
Je tente d’y défendre l’idée d’une transition vers un système 3 piliers, tel qu’il existe en Suisse, aux Pays-Bas, au Danemark ou encore en Australie :
Minimum vieillesse financé par l’impôt (déjà en place)
Capitalisation collective financée par des cotisations obligatoires (en substitution des cotisations actuelles)
Capitalisation individuelle par contribution volontaire (existant sous des formes à parfaire).
Un tel dispositif présente l’immense avantage de nous affranchir une fois pour toutes de l’aléa démographique et des injustices générationnelles engendrées par la répartition. Il ne règlerait cependant pas tout et nous devrons quoiqu’il arrive faire des choix difficiles entre quantité de travail produite - notre taux d’emploi étant notoirement faible - et niveau des pensions.
Depuis sa publication jeudi, cette vidéo suscite de nombreuses réactions qui, de mon point de vue, confirment le caractère balbutiant du débat public sur la question. Sans attendre une improbable réforme, j’encourage chacun à préparer sa retraite par ses propres moyens…
De la rencontre entre Trump et Poutine, il n’est rien sorti de concret. Si la reprise du dialogue avec la Russie était nécessaire, le plus surprenant reste le choix d’un tel format protocolaire - visite d’État sur le sol américain, avec tapis rouge et honneurs militaires - sans que la Maison Blanche n’ait préalablement sécurisé quelque avancée qui puisse être annoncée à l’issue de ce tête à tête. Absents, les chefs d’État européens peuvent continuer à commander matériels militaires et gaz américains.
En vous souhaitant un bon dimanche.